Terraphonie = sons de la Terre
Terre aphone = la biodiversité s’éteint aussi dans la dimension sonore
Terraphon(i)e = Un concert pour faire entendre le vivant et alerter sur l’effondrement de la biodiversité.
« Puisque les premiers humains ont copié la forme de leur outils sur les becs, les dents et les griffes, et qu’à l’évidence leurs premières expressions artistiques sur les parois des grottes représentent faunes et flores de son environnement, il semble raisonnable de supposer que ses premières tentatives musicales, vocales ou instrumentales, furent des reproductions de sons naturels. Les sons venus des savanes ou des forêts ont très probablement aidé la création des musiques humaines par imitation ou intégration directe de motifs plus ou moins mélodiques. Cette inspiration venue du dehors suggère qu’il existe une certaine musicalité dans les chants des oiseaux, les sifflements du vent, les remous d’une rivière ou les stridulations d’un insecte ».
Comme le dit si bien Jérôme Sueur dans son livre « Histoire naturelle du silence », de nombreuses personnes sont désormais convaincus que les origines de la musique humaine proviennent de paysages sonores naturels. Dans ce projet «Terraphon(i)e », nous allons proposer une hybridation entre musique et sons naturels. Le répertoire du concert rassemblera plusieurs pièces écrites pour trio de musicien.ne.s et sons provenant de captations réalisées dans plusieurs milieux (eau, air, sous terre), dans plusieurs régions du monde, en collaboration avec des bioacousticien·ne·s, ecoacousticien·ne·s, audio-naturalistes.
Durant ce concert, nous allons tenter de créer un espace de son vivant, afin d’ouvrir l’écoute et d’amorcer collectivement une réflexion sur la notion de silence, de bruit. L’intention première est de faire prendre conscience de notre environnement sonore et de révéler l’appauvrissement des paysages sonores du fait de la présence hégémonique du son humain, de cette pollution sonore anthropophonique, qui ne se voit pas mais qui décime un grand nombre d’espèces.
Nous croyons comme Jérôme Sueur que « les sons de la Terre forment, à n’en pas douter, des ponts qui connectent l’homme et le vivant à travers la toute-puissante musique. Toutes les œuvres mêlant biophonie, géophonie et musique permettent de briser les prétendues frontières entre nature et culture. » (Histoire naturelle du silence)